lunes, 31 de diciembre de 2012

La Pepa - Sara Baras Ballet Flamenco

Loïc le Duc

Version espanola



Sara Baras 
Foto : Carmen Romero

Personne ne sait très bien où, quand et comment naît l'histoire du flamenco. Ses premières racines ont dû pousser quelque part dans l'Inde du Nord, avant d'être soudainement (mais on ignore pourquoi) chassés de leur terre. Les graines de cette plante folle ont alors voyagé un peu partout en Europe, sous les roues des carrioles nomades qui emportaient l'exil d'un peuple, d'une langue et de ses farandoles. Cette plante coriace, dure au vent et à la misère, a su se transformer au gré de ses pérégrinations, se réfugiant dans la plainte d'un violon tzigane en Europe de l'Est, s'infiltrant, in fine, sur les terres arides et rocailleuses de l'Andalousie espagnole. 


Sara Baras 
Foto : Carmen Romero

Le flamenco est né d'une persécution ; ses parents gitans relégués dans les forges et les caves d'une Espagne inquisitoriale ; peuple de l'ombre, forcément maléfique, secret, que l'iconographie aura représenté sous une sempiternelle cape. Enveloppé de nuit, le flamenco a su dialoguer avec les étoiles, c'est là sa ruse ; et rire sous cape, c'est là son insolence. Ah, cette ruse de la cape, que l'on retrouve aujourd'hui encore dans les volutes malicieuses des jupes de la danseuse flamenca. Le flamenco est poésie. Les mots d'en bas, ceux de tous les jours et de toutes les nuits, glissent en funambule sur la corde d'une guitare, s'accrochent à une voix rauque ou jaillissent dans l'étincelle d'un "zapateado". 

Sara Baras - Foto : Santana de Yepes
De tradition séculaire, le flamenco a, aujourd'hui, retrouvé son éternelle jeunesse, rebelle et utopique. D'entre la nouvelle génération flamenca, Sara Baras. Née à Cadix, elle fut interprète dans des compagnies prestigieuses comme celle de El Guito et s'inscrit, avec une élégance déterminée, dans les traces d'Antonio Gadès et de Cristina Hoyos, ou de personnalités comme Antonio Canales. Fine et élégante, Sara Baras possède une cambrure ravageuse, un "braceo" particulièrement gracieux. Et met en évidence de savantes arabesques, d'élégants jeux de poignets et de petits haussements d'épaules aussi coquins que ses déhanchements sont sensuels. Sous ses mains, son châle se métamorphose en cape, voile, éventail et les pas s'enchaînent à un rythme aussi prodigieux qu'entraînant. Femme et diablesse, la danseuse passe capricieusement des ondulations alanguies aux coups secs et crépitants, et exécute un zapateado d'une exceptionnelle variété de rythmes, de nuances et de couleur. Et lorsqu'elle relève un défi chorégraphique, Sara Baras le fait savoir comme il se doit : coup de poing sur la poitrine et menton en avant. 

Armée de son talent et de son art, Sara Baras nous fait sentir, goûter et revivre cette Cadix des "tertulias" qui, de 1810 à 1812 a résisté aux troupes françaises placées sous commandement de Napoléon. Huit tableaux se succèdent pour décrire l'horreur de la guerre, l'amour de la terre, la volonté et le combat pour un monde libre, l'espérance dans un futur meilleur… Cet épisode historique est magistralement mis en relief par un flamenco puissant et la présence du corps de ballet, élégant et racé, que souligne, inlassablement, le raffinement des éclairages. Point d'orgue de cette danse fascinante, toute de noblesse et de violence contenue : les duos au cours desquels Sara Baras et José Serrano se défient et rivalisent de virtuosité. 

La Pepa - Sara Baras Ballet Flamenco
Foto : Carmen Romero

Spectacle enchanteur et jouissif, Sara Baras incarne, à la perfection, la "Pepa", cette voix du peuple qui aspire à la liberté...


La Pepa (création 2012)
Théâtre des Champs Elysées - Paris


Sara Baras : livret et direction artistique
Sara Baras, avec la collaboration de José Serrano : chorégraphie
Ras Artesanos, Sara Baras : scénographie
Torres-Cosano : costumes
Oscar Marchena, José Luis Alegre, Sara Baras : lumières

Sara Baras : La Pepa
José Serrano : danseur invité

Sara Baras Grupo Flamenco
Keko Baldomero :  directeur musical
Keko Baldomero, Miguel Iglesias : guitares
Antonio Suarez, Manuel Muñoz « Pájaro » : percussions
Saul Quiros, Emilio Florido, Miguel Rosendo : chanteurs

Danseurs

Carmen Camacho, Charo Pedraja,Cristina Aldon, Isabel Ramirez, Macarena Rodriguez, Maria Jesus Garcia, Natalia Lopez, Tamara Macias, Alejandro Rodriguez, Daniel Saltares, David Martin, Manuel Ramirez, Raul Fernandez