domingo, 26 de mayo de 2013

Yoël Carreño, Corsaire invité du Ballet du Capitole

Loïc le Duc



Yoël Carreño
Crédit DR Ballet du Capitole

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A l’issue de la représentation du 18 mai dernier, sur la scène du théâtre du Capitole, Kader Belarbi a chaleureusement félicité Yoël Carreño… félicitations qui prolongeaient la joie d’un public enthousiaste, nullement pressé de quitter les magnifiques interprètes de ce Corsaire revu et corrigé par le directeur du Ballet du Capitole.


Kateryna Shalkina / Yoël Carreño
Crédit DR Ballet du Capitole
Et pourtant, en quatre jours, Yoël Carreño a dû apprendre le rôle du Corsaire, qu'il n'avait jamais interprété auparavant ! Et a relevé, avec brio, le défi. Il a mis le feu aux planches du Capitole et conquis le cœur du public toulousain. Danseur noble, avec une technique à toute épreuve, le danseur Étoile du Ballet national de Norvège s'est imposé comme un Corsaire de référence. Quel ballon ! Et que dire de ses tours à la seconde qui n’en finissent pas et pendant lesquels Yoël Carreño s'offre le luxe d'attraper le pied gauche dans sa main gauche tout en continuant à tourner ? Un 'Ooooh !" d’admiration se soulève du public suivi de longs applaudissements. Tout est parfaitement exécuté, sans effort apparent, avec la précision la plus absolue. Le cubain fait de la broderie avec ses jambes et fait montre d'un travail d'acteur fantastique. Mais le plus attachant chez lui est cette générosité envers le public, cette envie de briller, sans concession, sans abandonner la rigueur.


Partenaire idéal, il met en lumière la ravissante Kateryna Shalkina. La soliste du Béjart Ballet Lausanne est une merveille de subtilité, d'esprit, de bonne humeur, jambes et bras d'une finesse exceptionnelle, mains voletant comme des papillons, toujours brillante, et enjouée en particulier dans les variations qui requièrent un parfum orientaliste avec lequel elle flirte.


Kateryna Shalkina / Pascale Saurel
Crédit DR Ballet du Capitole

Parce que ce Corsaire exhale de belles senteurs et nous enchante à chaque tableau. Kader Belarbi s’est éloigné de l’argument de Byron, repris par Mazilier pour Le Corsaire créé à l’Opéra de Paris en 1856, pour centrer la narration sur les amours contrariés du Corsaire et de la Belle Esclave. Achetée par le Sultan 
(Valerio Mangianti) sur la place du marché, la Belle Esclave s’avère être une menace pour la Favorite (Pascale Saurel). Coiffée d’un chapeau cornu, elle tire les ficelles de l’intrigue, jetant le Corsaire sur les pas de la Belle Esclave pour éviter qu’elle ne devienne Favorite à la place de la Favorite. Et attise les foudres du Sultan. Après de nombreuses péripéties, le Sultan abandonne en mer les deux amants, condamnés à mourir dans la tempête.

Par un savant dosage de justesse dans l’écriture chorégraphique, de richesse iconographique, d’authenticité du geste, de fidélité à une grammaire élégante teintée du lyrisme du travail des bras et du haut du corps, Kader Belarbi propose un ballet aux allures classiques, entièrement façonné dans la poésie de l’Orient, de l’émotion et du mouvement, tout en prenant soin d’enchaîner les tableaux avec une souplesse cinématographique.


Kateryna Shalkina / Yoël Carreño
Crédit DR Ballet du Capitole

Almées, odalisques, péris, derviches, corsaires et autres janissaires se croisent, se toisent, se poursuivent ou se séduisent, magnifiés dans les somptueux costumes, colorés et fluides, d’Olivier Bériot. Et chacun d’évoluer entre arcades, ciel et mer savamment utilisés pour suggérer, sans jamais encombrer. Le regard se focalise alors sur l’écriture chorégraphique : esbroufe et grands sauts pour le Corsaire, variations fougueuses et sauvages pour le Sultan, fruit d’une étonnante danse-fusion entre style classique, folklore russo-arabe et balancements contemporains, cambrés, corps sinueux et souplesse des poignées pour la Belle Esclave aux allures de Nikya. Le corps de ballet, de très bonne tenue, participe à l’action avec intelligence : almées aux lignes élégantes, courbes et langueurs soumises pour les odalisques… Le tout savamment orchestré par David Coleman qui a découpé, étoffé, remanié la partition d’Adolphe Adam, lui incorporant des pièces de Massenet ou Lalo. Belle initiative, notamment lorsque les femmes corsaires exécutent une époustouflante « Danse du tambourin » sur la Marche orientale de Sibélius.


Quel enchantement ! Quelle belle compagnie ! Un vrai bonheur ! Croisons les doigts pour que Yoël Carreño soit à nouveau de la fête, ici, au Capitole, ou à Garnier…. A bon entendeur…

Kateryna Shalkina / Valerio Mangianti
Crédit DR Ballet du Capitole


Représentation du 18 mai 2013 – Théâtre du Capitole
Distribution
Le Sultan : Valerio Mangianti
Le Corsaire : Yoël Carreño
Le Compère : Shizen Kazama
La Belle Esclave : Kateryna Shalkina
Les Deux Esclaves : Isabelle Brusson et Gaëlla Pujol
La Favorite : Pascale Saurel

Musique : Adolphe Adam, Massenet, Anton Arenski, Edouard Lalo, Jean Sibelius, David Coleman Chorégraphie : Kader Belarbi
Collaboratrice artistique : Martine Kahane
Décors : Sylvie Olivé
Assistant aux décors : Camille Ansquer
Costumes : Olivier Bériot
Lumières : Marion Hewlett

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